Attendue hier lundi, la 2ème Session du collège des chefs d’État de la Confédération AES sera finalement ouverte le mardi 23 décembre. Le programme initial prévoyait l’accueil à l’aéroport international Président Modibo Kéita Sénou, par le président malien le Général d’Armée Assimi Goïta, de ses collèges du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahima Traoré, et du Niger, le Général d’Armée Abdrahamane Tiani. Les trois présidents de la confédération devraient ensuite prendre un bain de foule de l’aéroport à différentes destinations pour des inaugurations. En première, la télévision de la confédération située dans la zone aéroportuaire, puis la Banque confédérale pour l’investissement et le Développement, située au quartier du fleuve, en face de la Banque de développement du Mali. Ce programme initial a été revu, car seul le Président du Niger, Abdrahamane Tiani, a répondu à l’appel ce lundi matin, avant 11 heures. Le Capitaine Ibrahima Traoré est attendu à Bamako dans la matinée.
Ce deuxième sommet qui achève la présidence malienne de la Confédération, est un cadre de bilan à l’actif du Général Assimi Goïta. Dans un environnement austère, marqué par l’acharnement des terroristes à vouloir gripper la machine progressiste de l’AES, des efforts de survie ont permis de gagner des batailles et de dresser des perspectives d’avenir se déclinant en organisation, en équipements, en outils de souveraineté et en projets structurants. Il s’agit d’ambitieux chantiers permettant de relever les défis sécuritaires, diplomatiques et de développement.
Au niveau sécuritaire, l’intégration a donné lieu à la création d’une force unifiée de l’AES, un Etat-major conjoint, permettant aux armées des trois États d’effacer les frontières en matière de sécurité et de défense des territoires. Il y a certes des poches d’insécurité et du terrorisme, mais qui n’entachent pas la volonté et la réalité d’un ancrage progressif de la souveraineté sur l’ensemble des territoires. Selon un spécialiste des questions sécuritaires, les armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso se sont dotées d’équipements et de matériels militaires, d’engins volants et roulants, dépassant en moins de cinq ans, les trente dernières années avant les transitions actuelles dans ces États de la Confédération AES. Et le tout sur fonds propres. Cette organisation ne se constate pas qu’au niveau de défense et sécurité, mais aussi au niveau diplomatique, avec un échafaudage institutionnel solide à travers, en plus de la Session du Collège des chefs d’État, la session confédérale du conseil des ministres qui est aussi une réalité depuis la dernière réunion des ministres, les 20 et 21 décembre à Bamako, annonçant les perspectives de sessions confédérales parlementaires.
La Confédération AES qui s’affirme comme une réalité géopolitique et géostratégique s’est dotée dans un court terme, d’outils de défense et de sécurité, d’ancrage diplomatique et de projection pour le développement économique. Des outils de souveraineté comme les étendards de la Confédération AES et de la force unifiée, un passeport commun, un hymne de la Confédération, un logo de la Confédération ont permis à l’entité des trois États de se tenir dans le concert des Nations, de parler d’égal à égal avec d’autres. En outre, les trois États parlent d’une seule voix et d’une même voix dans les rencontres internationales, produisant souvent des communiqués communs pour les trois États. Ce fut le cas lorsque la CEDEAO a menacé d’agresser militairement le Niger, puis lors de l’atterrissage forcé d’un avion nigérian au Burkina Faso. En outre, les États de l’AES ont quitté la CEDEAO pour affirmer le choix souverain de leurs partenaires pour un partenariat gagnant-gagnant. C’est ainsi que la coopération s’est renforcée avec des États comme la Russie, la Chine, la Turquie, les Émirats arabes…
Toutefois, les relations parfois tendues avec la Mauritanie, l’Algérie, et certains pays occidentaux qui invitent leurs ressortissants à quitter la zone AES ou qui interdisent l’entrée dans leur pays de certains ressortissants de l’AES sont des menaces qui appellent à la vigilance. Le refus de visa américain aux Maliens par les Etats-Unis, suivi de mesure de réciprocité a conduit Donald Trump à revoir sa décision en rétablissant le bénéfice du visa pour les Maliens. Qu’en serait-il de l’interdiction d’entrée aux Etats-Unis pour les États de la Confédération AES ?
Pour créer de la plus-value au narratif et renverser la tendance occidentale à manipuler, la télévision de la confédération a vu le jour et sera inaugurée lors de la présente session des chefs d’État.
Enfin, pour le développement économique, la Banque confédérale d’investissement pour le Développement (BCID) a été créée. Elle est destinée à financer les projets structurants dans le domaine de l’Agriculture pour assurer la sécurité alimentaire, des projets d’infrastructures pour la production d’énergie propres, dont principalement solaire. Cette banque qui vaut 500 milliards de FCA est vue incontestablement comme le bras armé du développement économique des États de l’AES. Son siège est situé sur le site de l’ancienne Banque centrale du Mali en face de la BDM, place square Patrice Lumumba, un symbole fort. Selon le ministre des Finances Alousséni Sanou, la BCID financera la réalisation d’une agropole alimentaire au Mali; d’une agropole oléagineuse au Niger et d’une agropole maraichage au Burkina Faso. Cette banque est un outil de souveraineté, permettant d’éviter les conditionnalités de certains partenaires.
B. Daou




