La 2ème Session du Collège des Chefs d’Etat de la Confédération AES s’est tenue les 22 et 23 décembre 2025 au Centre international de Conférences de Bamako (CICB), sous la présidence du Général d’Armée Assimi Goïta, Président du Mali, Chef de l’Etat, en présence du Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, Chef de l’État ; du Général d’Armée Abdourahamane Tiani, Président du Niger, du Premier ministre malien Abdoulaye Maïga ; des Ministres des pays membres de la Confédération des États du Sahel ; du Président du Conseil National de la Transition du Mali, Malick Diaw ; de Dioncounda Traoré, ancien président malien ; et des ambassadeurs accrédités au Mali.
Le président malien a rappelé le contexte de la création de l’AES, « en 2023, le peuple frère du Niger faisait face à une menace existentielle provenant hélas de certaines initiatives portées par des pays africains ». Conscients du danger qu’une telle démarche faisait peser sur l’ensemble du Sahel, et convaincus que seule l’union permettait de surmonter les épreuves, « nous avons décidé de constituer un front commun afin d’éviter que ne se reproduise dans notre espace le scenario tragique », a souligné le Président Assimi Goïta. « L’AES tient et tiendra face à l’adversité. Il y va de notre survie », a déclaré le Président malien Assimi Goïta.
Il a dressé un bilan de sa présidence à la tête de la Confédération de l’AES, autour des différents piliers, défense et sécurité, diplomatie et développement.
Sur le plan sécuritaire, la coordination entre les forces armées des Etats membres est devenue une réalité dès les premiers jours de la création de l’AES. Des progrès enregistrés ont permis à nos Etats un contrôle renforcé des zones frontalières et une amélioration de la sécurité à l’intérieur de nos Etats, réduisant considérablement la liberté d’action des groupes armés terroristes.
Sur le plan diplomatique, la Confédération AES a émergé dans un environnement géopolitique complexe marqué par le retour des rapports de force, les jeux d’influence et les tentatives d’ingérence. Cette réalité nous a conduits à adopter une posture proactive adaptée et pleinement assumée. Grâce à la cohérence de ses positions et à l’efficacité de son action, la confédération AES a progressivement su s’imposer sur la scène régionale et internationale en tant qu’entité. Il a cité les symboles de souveraineté dont l’hymne et le drapeau de la Confédération, les étendards de l’AES et de la force unifiée, l’inauguration de la télévision de la confédération pour relever les défis de la guerre communicationnelle. Sur le plan du développement, le président sortant de la Confédération, Assimi Goïta, a cité la Banque Confédérale d’Investissement pour le Développement (BCID).
Le Président du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, certes optimiste, a présagé un horizon sombre pour l’Afrique de l’Ouest, mais duquel la victoire se dessine. Il a parlé de l’avènement d’un « hiver noir », qui se prépare et qui aura l’allure du « Printemps arabe ». Cet hiver noir parviendra en Afrique de l’Ouest de la même manière que le printemps arabe, annonce-t-il.
« Qu’adviendra-t-il donc du panafricanisme quand l’hiver viendra ? L’hiver viendra parce que la guerre se transporte en Afrique de l’Ouest. Les impérialistes font tout pour mettre l’Afrique de l’Ouest à feu et à sang. Mais du sommet de l’État jusqu’à certaines populations, soit nous faisons semblant de ne pas voir venir le danger, ou bien nous sommes nous-mêmes complices de ce qui va arriver. Le chaos pourrait s’installer. J’ai dit bien pourrait s’installer. Beaucoup de gens pourraient mourir. Nous allons nous entretuer. De manière tellement atroce que pendant ce temps, ils seraient là à piller nos richesses, à imposer leurs volontés », présage le révolutionnaire burkinabé. Et ceux qui vont survivre de cette tragédie n’auront que deux choix : soit s’unir pour continuer la lutte contre l’impérialisme, ou se résumer à être des esclaves jusqu’à disparaître, selon Ibrahima Traoré.
Il recommande de se prémunir de l’hiver noir qui vient. « Nous ne pouvons pas comprendre que des Noirs en Afrique de l’Ouest, ici, prient Dieu que les terroristes tuent des populations noires. Nous ne pouvons pas comprendre que des chefs d’État lâches se cachent derrière des médias, soi-disant médias, pour décourager, insulter, activer la haine entre les populations ».
Selon Ibrahima Traoré, « ces pseudo-intellectuels décérébrés qui sont là à longueur de journée à entamer des débats en toute indignité, en toute malhonnêteté, comme s’ils ne voient pas la réalité des exemples qui se présentent à nous ». Il y a pleins d’exemples, dit-il. Lorsque la démocratie fait certaines choses contraires aux règles mêmes qu’elle s’est fixées, ils ferment les yeux à la blessure. Mais ils sont prompts à nous appeler « juntes ou putschistes ». Ibrahim Traoré a appelé le peuple AES à être sûr d’une chose, « nous sommes unis et nous resterons unis ».
Et nous devons ouvrir les yeux. L’AES va évoluer. Tout n’est pas forcément rose. Tout ne peut pas aller au rythme que nous souhaitons, avise-t-il. « Mais nous avançons, sereinement, et nous allons arriver à notre objectif. Et quand viendra l’hiver, s’il faille que nous passions par l’hiver pour être libres, pour être unis, nous prions Dieu qu’il en soit ainsi et qu’il protège nos populations », se prononce-t-il. Il finit par un message d’espoir : « Personne n’aurait cru que vous pouviez supporter ce que vous êtes en train de vivre. Nous allons vaincre le terrorisme, nous allons nous développer et nous allons nous affirmer. Nous allons avoir notre place dans le concert du monde », a-t-il souligné.
Selon lui, après la rencontre de Bamako après celle de Niamey le 06 juillet 2024, consacrant l’avènement de la Confédération des États du Sahel (AES), celle de Bamako, à l’occasion de la 2ème Session du Collège des Chefs, est l’occasion de « renouveler notre ferme engagement à poursuivre et consolider l’œuvre irréversible de construction de notre Confédération ».
Cette session qui intervient dans un contexte mondial en pleine effervescence, marqué par des défis complexes et multiformes, est l’occasion : « D’une part, de rappeler les enjeux de l’heure et les défis auxquels nous faisons face, pour ainsi mieux comprendre le sens de notre combat commun et raffermir la détermination des peuples de la Confédération AES à se battre victorieusement pour leur dignité et leur développement. D’autre part, de mesurer le chemin parcouru depuis un peu plus d’un an par notre Confédération; en dépit de toutes les adversités internes et externes auxquelles nous faisons face ». Elle est enfin l’occasion d’envisager collectivement les perspectives qui sont les nôtres, pour plus de progrès dans l’opérationnalisation de notre Confédération et afin de répondre aux aspirations légitimes de nos populations, a énuméré le Président Tiani.
Depuis le 18 août 2020 au Mali, le 30 septembre 2022 au Burkina Faso et le 26 juillet 2023 au Niger, les trois pays ont décidé individuellement, puis collectivement, avec la création de l’Alliance des Etats du Sahel, le 16 septembre 2023, transformée en Confédération AES le 6 juillet 2024, de prendre leur destin en mains, a déclaré Tiani. Cette décision a été prise en toute responsabilité et en pleine connaissance des enjeux et des défis qu’elle comporte ainsi que de toutes les conséquences qui y sont potentiellement attachées, a-t-il indiqué. Il s’agit donc d’un choix souverain assumé dans l’intérêt supérieur de nos pays, pour l’histoire et pour l’avenir.
« En effet, après plus d’une décennie de massacres de nos innocentes populations dans l’indifférence totale des uns et la complicité active des autres, nous ne pouvions continuer à tolérer la permanence du système de prédation inefficace et corrompu mis en place dans nos pays; d’autant plus qu’aucune perspective positive de sortie de crise n’était en vue. Pire, des indices concordants accréditaient la thèse que le système en place n’avait pas la solution à notre problème sécuritaire. Il était plutôt une partie importante du problème », a rappelé le Général Tiani. Comme nous l’avons ainsi bien compris, c’est de nos vies et de notre survie en tant que peuple qu’il s’agit, en premier lieu. En second lieu, il s’agit de l’exploitation de nos ressources et des aspirations légitimes de nos peuples à une vie meilleure, au progrès et au développement. « En effet, nous ne pouvons non plus tolérer la permanence de la situation de misère dans laquelle ils veulent nous maintenir », se révolte-t-il.
Lors de la cérémonie de clôture sur laquelle nous reviendrons, le Président sortant, le Général d’Armée Assimi Goïta, a remis le flambeau de la présidence de la confédération AES à son homologue du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré.
B. Daou




