2ème Session du Collège des Chefs d’État de l’AES : Le défi de garder chaque pas gagné !

Ses adversaires restent déterminés dans leur élan même s’amenuisant, pour entretenir l’insécurité, multiplier l’apologie du terrorisme, et semer d’embuches la marche vers la sécurité, la souveraineté de ses choix et le développement. La confédération AES continue comme une caravane qui vient de loin et qui est loin de la destination. A Bamako, s’ouvre ce lundi, la deuxième Session du Collège des Chefs d’État de la Confédération des États du Sahel, prévue les 22 et 23 décembre 2025. D’où vient la C.AES et pour quelle destination ?
Le Mali, comme le Burkina Faso et le Niger, trois pays sahéliens, économiquement voués aux gémonies par le narratif occidental qui défend les intérêts impérialistes, regorgent de richesses sur tous les plans : ressources naturelles et humaines. Ainsi, les ressources minérales (outre l’or, le lithium, le pétrole, l’uranium, les fleuves et une nappe phréatique inépuisable), forestières, faunistiques, halieutiques, les richesses liées aux activités agricoles, l’élevage et la cueillette sont inestimables, en tout cas assez pour transformer le visage de ces pays à l’instar d’un Emirat arabe. Ces États sahéliens sont des plus ensoleillés du monde et disposant d’énormes gisements de lithium, et d’assez d’espace pour des installations de panneaux solaires, ne devraient pas souffrir de problème d’électricité.
Cependant, soixante-cinq ans après les années d’indépendance, l’absence d’infrastructures économiques, d’unités industrielles, à la hauteur de la production nationale de matières premières, est à la base d’un taux de chômage élevé, et de sous-emploi de plusieurs millions de personnes, dont l’occupation en plein temps aurait pu accroitre la plus-value et la croissance économique de ces États. Une coordination efficiente entre les domaines de production, de transformation et de commercialisation (importation-exportation), du partenariat international devrait pouvoir rendre possible des opportunités d’innover et de créer de nombreux emplois. Les secteurs primaire, secondaire et tertiaire ont besoin d’organisation et de modernisation des infrastructures. Économiquement viables, les États du Sahel sont minés par la mal gouvernance méthodique voulue par des puissances impérialistes, qui trouvent un écho favorable chez certains dirigeants de ces pays.
Comment jeter raisonnablement l’opprobre sur le narratif occidental, si le vécu des populations maliennes, nigériennes et burkinabé reste une vie de misère, avec un PIB faible, des services sociaux de base dérisoires (soins de santé, enseignement, eau potable, électricité, environnement) ? Pendant des décennies d’indépendance, les dirigeants de ces pays sahéliens ont gouverné selon les préceptes et les intérêts étrangers. En effet, se conformer et servir les puissances étrangères (anciens États coloniaux, multinationales, structures financières) devenaient pour les présidents africains, une condition pour garantir son pouvoir et s’y maintenir, au détriment de la volonté et des intérêts des peuples souverains. Les aides apportées de par le monde n’ont jamais permis d’accéder au développement. Les rampes de lancement se sont révélées être un bricolage de modèle, un patchwork ne résistant pas à l’épreuve du temps : programme d’ajustement structurel (PAS), les privatisations, les départs anticipés à la retraite. Constat : les gouvernants africains ne gouvernaient pas, ils représentaient les gouverneurs occidentaux. A l’ère de la démocratie et du multipartisme, les populations crurent au bien-fondé des élections, ce fut une réforme du patchwork pour l’adapter au nouveau contexte après le vent d’Est, la fin de la guerre froide. La mauvaise gouvernance des élus (maires, parlementaires et présidents) et cadres de l’administration, qui n’ont pas su imposer la défense des intérêts des peuples, a conduit aux instabilités constantes, et finalement aux transitions actuelles au Mali, au Burkina Faso et au Niger. La mauvaise gouvernance politique (électorale, gestion des ressources humaines de l’administration, gestion des fonds de l’État), sécuritaire, économique, ont conduit à l’avènement au pouvoir du colonel Assimi Goïta au Mali, du Capitaine Ibrahima Traoré au Burkina Faso et du Général Tiani Abdrahamane au Niger.
Déclic catalyseur : la solidarité des États dans la difficulté
Après leurs départs du Mali et du Burkina Faso, qui n’en voulaient plus, les forces françaises et européennes, Barkhane et Takuba ont été accueillies au Niger par le président Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021. Il est considéré comme le dernier allié des Occidentaux dans le Sahel, mais il sera renversé, le 26 juillet 2023 par le colonel major Amadou Abdourahamane Tiani, à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se réunit à Abuja (Nigeria) en session extraordinaire sur le Niger, le 30 Juillet 2023 et lance un ultimatum de sept jours aux militaires pour restaurer le pouvoir du président déchu Bazoum. La CEDEAO menace de mettre en place une force en attente pour intervenir militairement, afin de rétablir l’ordre constitutionnel, si cet ultimatum n’était pas respecté. En réaction à cette menace de la CEDEAO, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso ont déclaré dans un communiqué, lundi 31 Juillet que « toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Mali et le Burkina Faso ». Les trois États (Mali, Burkina Faso, Niger), tous membres de la CEDEAO, confrontés au terrorisme, ont créé le 16 Septembre 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES), avec la signature de la charte du Liptako-Gourma, une alliance de défense mutuelle.
Ils annoncent leur retrait de la CEDEAO, le 28 janvier 2024, et se constituent en confédération AES, par la signature du traité le 6 Juillet 2024 à Niamey, en élargissant le champ d’action de l’Alliance pour inclure une intégration politique et économique commune. La confédération s’appuie sur trois piliers : la défense, la diplomatie et le développement. Une force conjointe est constituée pour combattre les groupes armés terroristes, défendre la souveraineté des États de l’AES et rétablir la sécurité. D’États faillis en 2020, le Niger, le Mali et le Burkina Faso, en décidant de prendre en main leur destin, sont en passe de devenir avec la confédération AES, l’épine dorsale du Sahel. La confédération AES depuis sa constitution à Niamey est présidée par le Général Assimi Goïta, président de la Transition au Mali, chef de l’État.
La deuxième session du Collège des Chefs d’Etat de la Confédération AES va évaluer les progrès réalisés par la Confédération AES, sous présidence malienne, la mise en œuvre de la Feuille de route de l’an I de la Confédération AES, et finaliser l’opérationnalisation institutionnelle de la Confédération AES, avant d’examiner les questions confédérales, régionales et internationales. Il examinera à cet égard les actions menées dans les Piliers Défense et Sécurité, Diplomatie et Développement, ainsi que dans le domaine de la communication transversale et la mobilisation. Au cours de la rencontre de Bamako, les trois Chefs d’Etat vont mesurer les évolutions intervenues dans le domaine sécuritaire, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes ; dans le domaine diplomatique, notamment la coordination de l’action diplomatique ; et dans le domaine du développement, marqué par des mesures fortes visant l’amélioration des conditions de vie des populations de l’espace AES, selon une source officieuse. A l’issue de la rencontre de Bamako, le Collège des Chefs d’Etat désignera un nouveau Président de la Confédération des Etats du Sahel (AES).

B. Daou

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