Albatros le Phoenix: le roi est mort, vive le roi!

En octobre 2024, le gouvernement du Mali a rompu avec fracas le contrat de concession relatif à la construction et l’exploitation d’une centrale thermique au fuel lourd en BOOT à Kayes avec l’opérateur Albatros Energy-sa. Six mois après, le 18 avril 2025, le gouvernement rétablit le même contrat avec le même partenaire, sans autre forme de procès. Le tournant est trop rond pour qu’il ne retienne pas le souffle et retienne notre attention. La trajectoire de cette marche est ambiguë et parsemée d’inconnus.

Quand on part d’un point A, et qu’après une longue marche dans le désert sans en sortir, on revienne au même point A, cela veut dire au mieux des cas que notre trajectoire est ronde: on tourne en rond. Au pire des cas on a perdu la direction et l’orientation: soit la boussole utilisée est mauvaise, soit on a renoncé d’avancer. Dans tous les cas le problème est de taille et il est important que tous les passagers du bateau Mali en soient informés pour les besoins de la cause. Le gouvernement doit s’exprimer davantage car la décision d’annulation de la résiliation est assez muette sur les contextes, les justifications, les motivations, et laisse parler le silence à sa place.

Les deux seuls articles de la décision N°2025-0115/ MEE-SG du 18 Avril 2025 indiquent: «Article 1er: est annulée la décision n° 0240/MEE/SE du 17 Octobre 2024 portant résiliation du contrat de concession relatif à la construction et l’exploitation d’une centrale thermique au Fuel lourd en BOOT à Kayes avec l’opérateur Albatros Energy-SA. Article 2: La présente décision qui prend effet à compter de sa date de signature, sera enregistrée, publiée et communiquée partout ou besoin sera». La décision prend effet à compter de sa date de signature (le 18 avril 2025).

Le roi est mort, vive le roi! L’opérateur Albatros Energy-sa revient en force, tel le Phoenix qui renaît de ses cendres. Le rétablissement du contrat d’Albatros signifie-t-il que la décision n° 0240/MEE/SE du 17 Octobre 2024 portant résiliation du contrat était entachée d’erreur manifeste d’appréciation? Si elle était bien fondée, faut-il comprendre que le gouvernement n’a pu trouver mieux qu’Albatros?

Le gouvernement s’est-il rétracté sous la pression des PTF traditionnels (partenaires techniques et financiers), les nouveaux n’ayant pas été concrets? That’s the main question (c’est là la question essentielle). Les centrales solaires annoncées par les Chinois, les Russes et autres pays arabes sont toujours en stand by, dans le tuyau! Quand est-ce que ces grands projets agricoles, énergétiques ou de transport annoncés seront-ils une réalité pour le bien être des Maliens?

Depuis des années, le secteur énergétique se trouve dans l’impasse. La politique de souveraineté énergétique engagée par les autorités de la transition, comprenant des reformes, une réorientation stratégique vers l’énergie solaire, tarde à produire des effets palpables. Les populations ont été suffisamment patientes et résilientes, et en meurent à ne pas en douter.

C’est un retour spectaculaire au système thermique de production énergétique, qu’on pensait pouvoir abandonner de si tôt. La décision de ramener l’opérateur Albatros dans le système parait doublement réaliste et préoccupant concernant l’arsenal des reformes pour une souveraineté énergétique. Elle marque un assouplissement de la politique de souveraineté énergétique. L’horizon se dégage pour un partenariat énergétique public-privé plus ouvert et éventuellement un partenariat bilatéral avec des Etats voisins comme la Mauritanie … ou la Côte d’Ivoire.

Auteur: B. Daou

Le Républicain

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