Le Mali entre prises d’otages et convoitise sur le Sahel

En l’absence de version officielle sur le sujet, la rumeur prend ses droits sur les informations vérifiées et fiables. Le 23 septembre 2025, deux Emiratis originaires de Dubaï et un Iranien ont été enlevés par des hommes armés dans la commune de Sanankoroba, au sud de Bamako (cercle de Kati). Une prise d’otages revendiquée par la suite par le JNIM. Ont-ils été libérés, et suivant quelles conditions ? Face à l’impérialisme galopant à cheval de Troie, et sous emballage du terrorisme, l’Etat du Mali et l’AES refusent de se faire tordre la main. Et si ces otages Emiratis du JNIM étaient des bourreaux sous la couverture de victimes ?

Le 23 septembre, les trois hommes, deux Emiratis originaires de Dubaï, et un Iranien, étaient dans une plantation agricole, qui appartient à l’un d’eux et qui est située à une quarantaine de kilomètres de Bamako, au village Tadianabougou. C’est dans ce village de la commune de Sanankoroba, que l’Emirati est propriétaire d’un périmètre sur lequel il a réalisé une ferme comprenant un aérodrome privé. On parle d’une plantation paradisiaque, à l’abri des regards indiscrets.

A ce jour, on s’interroge encore sur les contours d’un tel enlèvement attribué au Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM), surtout quand ces otages sont libérés (le mercredi 29 Octobre) quelques semaines après leurs raps, en payant une fortune en rançon (plus de 30 milliards de FCFA ?), selon certaines sources. Vrai ou faux ? D’habitude, les otages, à leur libération sont reçus par le chef de l’Etat. Les otages Emiratis et Iranien s’ils ont été libérés, ont-ils été reçus par le Président Assimi Goïta ? Quels que soient les bonnes relations de coopération entre le Mali et les Emirats arabes, ces Emiratis tout comme les Qataris méritent d’être surveillés de près, rien qu’en regardant ce qu’ils ont semé au Soudan. Au-delà de l’implication d’acteurs maliens dans les négociations pour faire libérer les otages, il importe pour le Mali de veiller à rompre les sources de financement du terrorisme, qui prend en otage civils et militaires dont la libération exige un échange de prisonniers.

Convoitise sur le Sahel

Pourquoi, il y a une dizaine d’années, cet Emirati a-t-il choisi de s’installer dans la banlieue de Bamako et d’y investir des centaines de millions pour construire une ferme dotée d’aérodrome ? Qu’est-ce qui fait économiquement tourner cet environnement clos ? Quel est l’objet de la présence de l’Iranien, qui du reste a été enlevé avec le propriétaire des lieux ? Ces questions méritent réponses, et surtout le regard des autorités sécuritaires sur cet endroit, qui mérite une minutieuse attention.

Le rêve de transformer certaines régions sahéliennes en Emirats, comme la zone des trois frontières n’est plus qu’un secret de polichinelle. D’ailleurs, on parlait déjà d’Emirats et d’Emirs concernant certaines zones malienne et/ou Burkinabé. Devant l’échec des occidentaux à fonder une nouvelle entité étatique dans la région des trois frontières, la tentation est grande d’aller vers un vaste Emirat, un potentiel chantier arabo-occidental, qui rallierait les côtes pour lui donner accès à la mer. Quelle alliance contre-nature n’a-t-on pas vue, pourvu que le partage des intérêts fasse l’objet d’entente au dessein impérialiste. En cas de désaccord entre les parties aux visées diaboliques, s’installe le chaos, sans qu’aucune partie ne songe à concéder, comme en Libye.

Le refus de se coucher

C’est contre une telle expansion, qui dénie le droit international et défie la Cour international de Justice,  que s’érigent les acteurs de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Mais que sait-on de ce qui peut se cacher derrière une banale prise d’otages, pouvant recouvrir son volet de randonnée exploratoire, pour créer les conditions d’un rapprochement, renforcer des liens entre les otages et les chefs de groupes armés, créer le syndrome de Stockholm pour nourrir des projets communs ? Ainsi un séjour en captivité peut se révéler être la couverture d’un dessein insoupçonné contre les Etats sahéliens, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, en particulier.

Face à l’insécurité grandissante et au terrorisme portés par des groupes armés djihadistes, les Etats sahéliens du Mali, du Niger et du Burkina Faso se sont constitués en confédération le 6 Juillet 2024, avec des objectifs communs en trois piliers : la défense, la diplomatie et le développement. Mais ces Etats peinent à renverser la tendance sécuritaire pour faire de ces Etats un havre de paix propices aux initiatives de développement.

B. Daou

La commune rurale de Sanankoroba

Sanankoroba est une localité et une commune rurale du Mali, chef-lieu d’arrondissement dans le Cercle de Kati et la région de Koulikoro. La localité de Sanankoroba est située sur la route nationale RN 7 au sud de Bamako, et non loin de l’aéroport international Président Modibo Kéita Bamako.

La commune s’étend sur 26 localités relevées lors du recensement général de 2009. Les villages les plus peuplés sont : Sanankoroba (10 171 habitants) ; Banankoro (6 547 habitants) ; Koniobla (2 106 habitants).

En 2023, la loi 2023-007 attribue à la commune 26 villages, fractions ou quartiers : Sanankoroba, Koniobla, Niagnan, Ntabakoro, Sicoro, Tamala, Kabé, Nianfala, Zougoumé, Toya, Sinsina, Digato, Satinebougou, Banancoro, Tadianabougou, Tourela, Baala, Sogondiala, Falani-Coungo, Siéné, Madina, Nienguécoro, Niéguécoura, Banco-Coura, Banco-Coro, Tadiana

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