Les champs fleuris d’espérance sont également semés d’embuches, pour les Etats de l’AES : Burkina Faso, Mali, Niger. Les enjeux et les défis sont « du même au pareil », qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre de ces Etats, qui ont alors décidé de se mettre en Confédération pour des solutions communes à leurs problèmes ; l’affirmation de leur souveraineté, le respect de leurs choix stratégiques et la défense des intérêts de leurs peuples.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont comme principal dénominateur commun, le défi de s’affranchir de partenariats établis dans le sillage du néocolonialisme, qui pille et expatrie les ressources de leurs pays sahéliens.
En prenant la responsabilité de cette rupture qui touche à l’ordre global sous surveillance de certaines puissances du monde, les Etats de l’AES doivent s’attendre aux conséquences et s’apprêter à toutes les éventualités y compris la conspiration et la déstabilisation.
Aussi, ses ennemis jurés abonnent -elle l’AES au triste sort de l’éphémère Fédération du Mali, ne lésinant sur aucun moyen : insécurité généralisée ; conflits intercommunautaires ; guerres par procuration aux groupes armés terroristes ; manœuvres politiques visant à diviser les Maliens, à déstabiliser le pouvoir de transition ; guerre informationnelle procédant de l’instrumentalisation de l’information et des droits de l’homme; stigmatisation et diabolisation des militaires; exploitation du moindre indice de différend entre les principaux acteurs de la transition; désinformation… Le chemin de la souveraineté nationale est semé d’embuches, mais dit-on, « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », une Loi de la société humaine?
Ainsi, les trois leaders, Assimi Goïta (colonel à l’époque), président du Mali ; le capitaine Ibrahim Traoré, président du Burkina Faso ; et le Général Abdourahamane Tchiani, président du Niger ont porté sur les fonts baptismaux l’Alliance des Etats du Sahel (AES) par la signature de la charte du Liptako Gourma, le 16 Septembre 2023 ; avant de constituer la Confédération des États du Sahel (C-AES, le 6 Juillet 2024, dont la première présidence est assurée par le Général d’Armée Assimi Goïta), pour rechercher des solutions communes endogènes à leurs problèmes de défense, de diplomatie et de développement. Une force conjointe de l’AES est basée au Niger, dont le premier bataillon est déjà opérationnel pour sécuriser les territoires.
En optant pour «la défense de la patrie» et «les intérêts du peuple», les militaires au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso œuvrent pour empêcher des puissances étrangères d’ignorer la souveraineté des Etats du Sahel et de les spolier de leurs ressources.
L’AES est ainsi née pour se mettre en travers les ressources locales et leurs prédateurs étrangers. La musique est connue, les Etats ont juste des intérêts, pas d’amis. Mais pour certains Etats abonnés à la domination et au jeu pour maintenir les Etats faibles dans la dépendance, le partenariat n’est jamais gagnant-gagnant, il doit garder l’équilibre impérialiste, c’est-à-dire le rapport dominant-dominé.
L’Etat martyr du Mali
Des crises politiques et sécuritaires depuis 2012, avec de graves menaces sur l’intégrité territoriale, la sécurité intérieure, l’unité et la cohésion nationales, la forme laïque et républicaine de l’Etat, ont éclaboussé les secteurs économiques, culturels et la société dans son ensemble, nécessitant l’instauration d’une transition (le 18 août 2020) et des réformes politiques et institutionnelles en profondeur.
Les solutions étrangères, des voies et options politico-diplomatiques choisies par la communauté internationale (accords signés entre l’Etat et les groupes armés, interventions de forces étrangères) pour résoudre les problèmes sécuritaires au Mali, ne se sont pas révélées efficaces à long terme. Une nouvelle dynamique à l’actif du pouvoir de transition a permis d’assumer le choix des partenaires stratégiques et de renforcer d’autres axes de coopération.
La libération par les FAMa des localités précédemment occupées par des groupes armés, dont la plus emblématique est la ville de Kidal, a montré le bien fondé des mutations intervenues pour réduire la pression du néocolonialisme sur les initiatives à prendre et pour entrer dans l’ère d’une bonne gouvernance de l’Etat.
Cette dynamique de la transition a permis d’élaborer la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale, « par et pour les Maliens », en se reposant sur des valeurs socio-culturelles endogènes (Juillet 2025) et sur recommandation du Dialogue national inter-maliens. Cette Charte servira de bréviaire pour « toutes les initiatives, actions et activités pour la paix, la sécurité, la réconciliation nationale, la cohésion nationale et le vivre ensemble au Mali ». Cet acte doit sonner comme un appel à l’unité, au rassemblement de tous les Maliens autour des objectifs de paix, de sécurité, de cohésion nationale, de vivre ensemble pour le développement et le bien être des Maliens. Alors, que les bruits de bottes soient un cauchemar pour les terroristes, et des pas cadencés pour les Maliens qui n’aspirent qu’à travailler et à récolter les fruits du labeur en toute liberté, en toute tranquillité.
B. Daou