Dissolution des PARTIS POLITIQUES : LES MORTS NE SONT PAS MORTS

Dissoudre les partis politiques et leur demander de présenter leur bilan financier relèverait d’un exercice de prestidigitation dans lequel l’Etat les croit peut-être doués. Ou d’être capable d’agir d’outre-tombe?

C’est de leurs funérailles dont parle Me Tall, concernant la demande de la cour suprême aux présidents des anciens partis politiques. «Le gouvernement demande aux morts d’assister à leurs funérailles».

De ce point de vue, la cour suprême croirait que les partis politiques ont le don d’agir même étant bien mort de leur belle mort. Ce genre de situation arrive aussi lorsqu’on est en présence d’une bête agressive (tigre, taureau, bélier, lion, abeille solitaire) qu’on vient d’abattre, mais dont on n’est pas certain de la mort, qui pourrait se relever et faire mal. Les morts ne sont pas morts, les partis politiques pourraient ressusciter, et gare… Comme un lion ou un tigre blessé agresse, le taureau ou le bélier cogne, l’abeille solitaire est grave. La section des comptes de la cour suprême ne croirait-elle pas à la mort des morts?

En s’adressant aux présidents des anciens partis politiques, la cour suprême sait certainement ce qu’elle fait et de quoi elle parle. Si les partis politiques sont morts de leur belle mort, les dirigeants politiques, eux sont bien vivants. Ils ont créé des personnes morales, qui ont agi, posé des actes avant de mourir et dont ils sont responsables des agissements. Ils sont des personnes physiques bien vivantes, responsables des personnes morales dissoutes. Une personne physique n’est pas dissoute. A moins que les présidents des partis ne veuillent créer et entretenir la confusion entre leurs propres personnes et celles des partis politiques. Et c’est là un jeu dangereux dans lequel les partis ne doivent pas se faire prendre, car c’est sur ce terrain que pourrait les attendre la cour constitutionnelle ou le Bureau du vérificateur général. Avec ce préjugé ou cette présomption que les présidents des partis confondent leur personne avec le parti qu’ils dirigent, le patrimoine du parti avec le leur propre, et le financement public avec l’argent de poche du président du parti. Les présidents vivants des partis morts doivent s’assumer et assumer pleinement leur gestion du financement public, les utilisations faites avec, c’est de cela qu’il s’agit. L’arbre ne doit pas cacher la forêt.

B. Daou

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