Edito : Stop au hold-up financier !

Le Mali nouveau s’annonce et avance d’un pas lent, mais sûrement. La décision de suspendre les salaires des agents fictifs au niveau de la fonction publique de l’Etat et des collectivités d’une part, et l’identification des bénéficiaires effectifs des entreprises au niveau des services des impôts, d’autre part, constituent un pas décisif dans l’assainissement de la gestion financière et la maitrise des effectifs du personnel.

Sur un effectif total de 158.317 agents publics, 36.151 agents publics sont présumés fictifs, en tout cas jusqu’à preuve du contraire. Ces agents fictifs perçoivent une masse salariale de 48,28 milliards de FCFA par an. Ce n’est pas tout, il y a également des cas de doublons. Le ministre de l’Economie et des Finances Alousséni Sanou, sur instruction du président de la Transition, chef de l’Etat, le Général d’Armée Assimi Goïta, vient de lancer « Haut les mains !» aux auteurs de ce hold-up financier par la suspension des salaires du personnel fictif.

La pratique des doublons dans l’effectif, et celle des agents fictifs qui sont en effet payées, constituent des cas de détournement de deniers publics, de corruption et de malversation financière impliquant une chaine de responsables en charge de la gestion des ressources humaines, une faute avec des coupables et des complices à des niveaux insoupçonnés de l’Etat.

Si des cas de doublons peuvent arriver par erreur, le recours aux agents fictifs pour se faire de l’argent sur le dos du contribuable (enrichissement illicite) est aussi vieux que le monde. On nous raconte que des chefs maliens du personnel y ont fait recours sous la colonisation. Ainsi, des noms d’arbres étaient donnés à des personnes fictives : Balazan Sanogo, Ngaladjiri Bérété, Djala Dembélé etc., pourvu qu’on réponde présent au moment de l’appel. Ainsi, l’agent payeur encaissait indument les sous de ces agents fictifs. Si on arrive aujourd’hui à toucher du doigt cette plaie, il y a lieu de croire en la réalité d’un nouveau soleil dont on a longtemps attendu les lueurs.
Mais ce n’est pas tout, les fautifs, auteurs et complices, méritent des sanctions pénales et le remboursement intégral des biens mal acquis. Car combien les Maliens ont-ils souffert par le manque, pendant que des voleurs à col blanc se la coulent douce.

Le recensement des effectifs et leur numérisation doivent se poursuivre à tous les niveaux de l’Etat, pour maîtriser les effectifs des étudiants boursiers, des armées et de tous les contractuels de l’Etat pour une maîtrise des dépenses. C’est de là que débute la bonne gouvernance.

Étiquetté :

Newsletter