Chronique du Mali : Rassemblement !
Gouvernement et néo-rebelles, partis politiques et organisations de la société civile, ceux qui dénoncent et condamnent, mais aussi, ceux qui applaudissent après l’attaque du bateau ‘’Tombouctou’’ et de la position des Famas de Bamba, le 7 Septembre ; tous disent « Rassemblement des Maliens ! ». Mais de quel rassemblement parlez-vous ?
Rassemblement ! C’est le maître mot de tous les communiqués et dans toutes les bouches depuis le 7 septembre 2023, après l’attaque du bateau ‘’Tombouctou’’. Ce navire du nom de la Cité des 333 Saints ne sera pas attaqué impunément, au nom des Saints de Dieu !
Les saintes bénédictions ont-elles commencé à faire effets ? Car, voit-on ce mot rassemblement semble bien avoir des sens asymétriques, selon les utilisateurs, un mot à géométrie variable ? Ce qui a l’avantage de révéler au grand jour, les vrais visages des uns et des autres. Ainsi soit-il, l’heure de la clarification est arrivée.
Gouvernement et néo-rebelles, partis politiques et organisations de la société civile, ceux qui dénoncent et condamnent, mais aussi, ceux qui applaudissent après l’attaque du bateau ‘’Tombouctou’’ et de la position des Famas de Bamba, le 7 Septembre ; tous disent « Rassemblement des Maliens ! ». Mais de quel rassemblement parlez-vous ?
Rassemblement ! Le mot n’est pas nouveau, son usage dans les discours politiques non plus. Mais quel regain d’intérêt ! Il y a eu l’idée de « qui se ressemblent s’assemblent », restée un rêve, puis celle sans exclusive du Dialogue national inclusif (DNI) du 14 au 22 décembre 2019, et puis des Assises nationales de la Refondation (ANR) du 27 au 30 décembre 2021.
Pour les néo-rebelles, le nouvel assemblage se fait dans un objectif clair, contre les cinq colonels, disent-ils. Ils réduisent les maux du Mali au règne des cinq colonels oubliant que leur arrivée à la tête du pays ne s’explique que par la politique de rapace instaurée par certains acteurs politiques, qui ont réduit la politique à l’appât du gain partisan et de positionnement personnel, à travers des élections frauduleuses, une mal gouvernance qui a conduit le Mali à la faillite.
Le colonel Assimi Goïta et ses compagnons d’armes ont, un 18 août 2020, pris la lourde responsabilité de monter en première ligne pour assumer un Mali failli et s’engager à relever notre chère patrie meurtrie par la corruption, les détournements de deniers publics et l’enrichissement illicite. Au risque de leur vie, ils assumeront un bilan.
Les principes de souveraineté nationale, du respect des choix stratégiques et du choix des partenaires opérés par le Mali, ainsi que la défense des intérêts vitaux du peuple malien sont partagés par les Maliens et les autorités de la transition. Ceux qui appellent à faire front contre les colonels ont décidé de faire le jeu de ceux qui ont choisi de décider à la place des Maliens, pour « faire dégager » les colonels du pouvoir. Les saints de « Tombouctou » ne laisseront pas faire, profanés par des assauts néo impérialistes. Les néo rebelles appellent à s’assembler contre les autorités de la transition. Une telle expédition punitive contre « la junte au pouvoir à Bamako » était annoncée en grande pompe par « la junte au pouvoir à Paris ». Cette dernière aurait-elle des soutiens au sein de la classe politique et de la société civile malienne ? L’heure est à la clarification et tout rassemblement doit avoir dans sa feuille de route la poursuite de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la Refondation, qui elles-mêmes sont une réplique améliorée des conclusions du DNI. Cela éviterait un reniement et un éternel recommencement sur les stratégies de sécurisation du pays, les réformes politiques et institutionnelles, la lutte sans merci contre la délinquance financière.
Le fait que les objectifs retardent à se réaliser ne veut pas dire forcément que le diagnostic et les remèdes prescrits au malade sont inappropriés, mais que le mal a eu le temps de s’installer profondément, engageant le pronostic vital. Les ennemis découvrant le front, la victoire semble proche. On évite de se laisser gagner par le découragement, la victoire est plus proche que jamais. Mais un objectif proche est à portée de main, et pas encore atteint. L’appel à la mobilisation générale du président de la transition, la mobilisation des réservistes des FDS en dit long. Au-delà des FDS, chaque Malien est également un soldat et doit jouer sa partition, notre pays est en guerre et joue son existence en tant qu’État libre. Est-on sûr en posant tel ou tel acte de ne pas servir l’ennemi, au détriment de son pays ?
C’est le moment aussi des contradictions internes intenses, du découragement et des attitudes propres à saper le moral. Ce moment de péril est surtout celui où s’extériorisent les intentions et les désirs refoulés de vengeance politiques. Il doit cependant être un moment de surpassement général pour éviter la remise en cause et le reniement des acquis.
A la nuit des longs couteaux, difficile de distinguer le vrai du faux, le patriote du renégat, de faire la différence entre l’ennemi dans la nébuleuse et le patriote dans l’action patriotique. Les deux vivent intégrés dans la société malienne, au nord, au centre comme à Bamako. L’ennemi c’est en nous-mêmes, incapables d’être d’accord sur des objectifs d’intérêt national et des stratégies communes pour persuader les ennemis et les ramener à une attitude positive en vue de sceller la paix et l’unité nationales. C’est ce qui nous fait dire que « Les Maliens doivent se rassembler de gré ou être rassemblés de force. C’est l’alternative qui reste quand l’heure est grave de la menace de la nation dans son existence ».
B. Daou
Le Républicain
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