Dr. Abdramane Sylla, ancien ministre: « Notre relation avec la Russie n’a aucun caractère impérialiste »

Dr Abdramane Sylla, ancien ministre resté attaché à l'Université. Ce 16 Septembre, en compagnie du Pr Jean Bosco Konaré, qui a été son professeur d'histoire.

Pour commémorer le 63ème anniversaire de l’indépendance du Mali ( 22 Septembre 1960-2023), la Faculté d’Histoire et de Géographie (FHG) a initié, le samedi 16 septembre 2023 sur la colline de Badalabougou, une journée de l’historien. Pour cette première édition, une conférence débat a été tenue sous la thématique « Le Mali dans les relations internationales ». C’était sous la présidence du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr. Bourema Kansaye. L’on notait à ses cotés au présidium, le recteur par intérim de l’Université des sciences sociales et de gestion, Mme Anna Traoré. Les panélistes étaient, l’ancien ministre et non moins Professeur de l’histoire des relations internationales, Dr. Abdrahamane Sylla et Soumaïla Sanogo, Professeur d’histoire contemporaine à la retraite. La modération était assurée par le directeur de l’ENA, Pr. Balla Diarra.
Cette journée historique se propose d’améliorer la visibilité des activités scientifiques et pédagogiques de la FHG et de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB). Elle permet aussi de regrouper les différents acteurs et spécialistes du domaine de l’histoire au Mali. Il s’agissait à travers cette journée de faire des exposés sur les différents moments de l’histoire contemporaine du Mali afin d’expliquer les enjeux majeurs de la situation politique et géopolitique que le pays traverse actuellement.
En ouvrant les travaux de cette conférence débat, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Pr. Bourema Kansaye, a tout d’abord, rendu un hommage appuyé aux aînés du monde universitaire. Il a émis le vœu que le cycle infernal que le pays vit puisse prendre fin. « Le monde universitaire joue son rôle pour un Mali qui est à la croisée des chemins. Le Mali agit au delà et en dehors pour son développement dans le respect des principes édictés par le Président de la Transition. Il nous appartient d’œuvrer pour le Mali », a expliqué le ministre Kansaye.
Intervenant sur les relations russo-maliennes, le Professeur en charge de l’histoire des relations internationales à la Faculté d’histoire et de Géographie de Bamako, Dr. Abdrahamane Sylla, s’est penché sur le thème de la conférence. « Nous tenons cette conférence sur la thématique du Mali dans l’histoire des relations internationales. Elle est volontairement choisie en fonction de l’intérêt qu’il y a aujourd’hui, mais surtout replongeant dans toutes les réformes actuelles de notre pays en termes de refondation. Il faudrait emmené les citoyens à s’approprier véritablement leur histoire », a-t-il expliqué.
Ayant bénéficié d’une formation en Russie, l’ancien ministre Sylla a souligné qu’en parlant de l’histoire des relations internationales, on parle de géopolitique, de géostratégie. « Pour nous, le tout ne serait se ramener qu’en ces dernières années. Le Mali est un très vieux pays qui tire sa substance des grands empires glorieux comme le Ghana, l’empire Songhoy. Ces grands empires ont marqué aussi l’histoire universelle. Parler de tout cela doit préparer aussi à la naissance du Mali en 1960. De cette année à aujourd’hui, le Mali a entretenu d’innombrables relations à travers le monde, mais il faut le dire avec précision, au lendemain de notre indépendance, les pays qui ont le plus assisté notre pays c’est évidemment les pays de l’Est avec à leur tête l’ex URSS dont la Russie est aujourd’hui héritière », a indiqué Dr. Sylla.
Selon l’ancien ministre Sylla, la contribution de l’ex URSS a été de taille pour le Mali indépendant. « Notre relation avec la Russie n’a aucun caractère impérialiste. La Russie ne se développe pas sur les matières premières d’autres pays. Le Mali a été le point culminant de prise de certaines décisions dont le mouvement de non alignement, des mouvements de libération, notamment le Mali va aider l’Algérie à se libérer, le Mali va aider l’Angola à se libérer et l’ANC dans son combat contre l’apartheid etc », a-t-il déclaré.
Dans son analyse, Dr. Abdrahamane Sylla a attiré l’attention de l’ensemble des citoyens à s’approprier notre histoire. « Si nous savons d’où nous venons, nous saurons d’où nous devons partir et cela me paraît extrêmement important. Nous avons une histoire tellement riche qu’il suffit de la connaître et de la maitriser pour ne pas tomber dans les perversions. C’est cet appel que je voudrais lancer à l’ensemble des citoyens », a-t-il dit.
Le Professeur d’histoire contemporaine à la retraite, Soumaïla Sanogo, a abordé les relations entre le Mali et la France. Il a fait un rappel historique de ces relations avant l’indépendance et jusqu’à nos jours. Face à ce que les deux pays traversent dans leurs relations, l’orateur a expliqué que le Mali doit prendre en main ses problèmes en vue de trouver des solutions. « La politique, c’est la guerre des intérêts. Qu’on fasse table rase de ce passé colonial. On a trop servi les autres. Toute notre histoire est une histoire de guerre », a-t-il relaté.

Sidiki Dembélé

Le Républicain