Lettre ouverte de la Famille du Dr Elmehdi AG HAMAHADYAU au président de la Transition Col. Assimi GOITA
Famille du Dr Elmehdi AG HAMAHADY A Nouakchott, le 24 Décembre 2021
Mme WALET ELMEHDI Allama
Citoyenne Malienne sous le NNI : 29309103020006R
Résidente en Mauritanie
Tel : 00222 41 37 72 68 / 00222 48 17 95 17
Email : Allama.elmehdi@prophamedis.africa
Présidence de la république du Mali
A l’attention de son excellence monsieur le président de la Transition
BP10 Koulouba,
Bamako-Mali
A
Son Excellence le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’État
Objet : Affaire de la famille du Dr. Elmehdi AG HAMAHADY
Excellence Monsieur le Président de la Transition, Colonel Assimi Goita ;
C’est avec un cœur plein d’espoirs et de détresse à la fois que je me permets de vous écrire ces quelques mots. Je suis pleine d’espoirs, après avoir écouté vos interventions respectives sur votre vision de la justice équitable pour tous.
Pleine de détresse, car cela fait bientôt dix longues années que ma famille se bat pour entrer dans ses droits sans succès.
Je m’adresse à vous non seulement en votre qualité de Garant de notre Nation, mais aussi en votre qualité de premier magistrat de notre pays. En Septembre dernier, lors de votre rencontre avec le corps de la justice, vous avez solennellement fait remarquer qu’il n’y aura jamais de paix sans la justice et que vous êtes plus que jamais déterminé à ce que la justice brille pour tous. J’ai cru comprendre que vous êtes résolument engagé à ce que chaque malien ne subisse plus d’injustice.
Monsieur le Président,
Depuis 2012, ma famille s’est retrouvée malgré elle dans une bataille, plutôt une cabale, sans fin. Notre polyclinique, pharmacie et domicile ont été prise pour cible par une foule incontrôlée à Kati et a été totalement mise à sac en février. Nous avons été contraints de fuir notre pays à l’instar de plusieurs de nos concitoyens. Nous faisons partie des milliers de victimes de la crise de 2012.
Notre malheur, au lieu de se limiter à ces douloureux évènements de 2012, n’a fait que commencer. Avec un acharnement cruel et sans aucune forme de compassion face à notre malheur qui est indépendant de notre volonté et qui revêt de toute évidence un caractère de cas de force majeure, la Bank of Africa avec la bénédiction de la Justice nous exproprie de notre bien.
Monsieur le Président,
Quelle autre victime des événements de 2012 a été tenue responsable de ce qui lui est arrivé ? Quelle autre victime continue de subir un acharnement de la part d’une Banque de la place et s’est vue condamnée à rembourser ses engagements antérieurs suite aux agissements d’une partie de la population ?
Eh bien aujourd’hui, notre famille est obligée de payer pour ce qui a été cassé par d’autres, ce jour sombre de février 2012.

Après avoir suivi toutes les procédures auprès des autorités compétentes, après avoir eu toutes les garanties auprès du Gouvernement de la République pour nous dédommager, après que le Gouvernement ait donné tous les gages de bonne foi à la Bank of Africa, nous voilà aujourd’hui en 2021 dépossédés des restes de notre propriété détruite.
Excellence, Monsieur le Président,
L’État étant une continuité, permettez-moi de vous faire part des engagements pris par les autorités précédentes et actuelles concernant cette affaire :
- Par lettre n° 0134 PRM, en Juillet 2015, le secrétaire général de la présidence de la république informait nos avocats que nos requêtes ont été transmises aux services du ministère de la santé et de l’hygiène publique, chargées de l’examen de notre requête.
- Par lettre n°00286/SG-PR, en Avril 2018, le secrétaire général de la présidence informait nos avocats que leur demande a bien été transmise à la commission vérité justice et réconciliation.
- Contre reçu de déposition n°0600001581Z, en Juin 2018, l’antenne CVJR de Bamako a reçu par moi-même mandatée par toute ma famille et le PDG de la Polyclinique ALLAMA, les requêtes d’indemnisation de nos biens y compris de la pharmacie du Camp et de la Polyclinique.
- Par lettre confidentielle n°156/P-CVJR, en Juillet 2018, la Commission Justice, Vérité et Réconciliation dans une même démarche informait la Bank of Africa des diligences en cours pour une indemnisation rapide de la Polyclinique Allama.
- Par lettre n° 003258/MEF-SG, en août 2018, le Ministre de l’Économie et des Finances demandait à la Bank of Africa de renoncer à l’expropriation forcée de la famille et que le Ministère assurait réserver un traitement prioritaire dans le cadre de la Loi portant indemnisation des victimes de 2012.
- Par lettre confidentielle n°083/P-CVJR, en septembre 2020, le président de la CVJR demandait à la BOA de surseoir à la vente aux enchères de la polycliniques ALLAMA et que les demandes d’indemnisations sont en cours de traitement et en attente de la mise en place de la commission d’indemnisation.
- Par lettre confidentielle n°00966/MEF-SG, en Octobre 2020, le ministre de l’économie et des finances informait mon père, Dr Elmehdi AG HAMAHADY suite à son passage à Bamako qu’il a saisi le premier ministre, chef du gouvernement par lettre n°0095/MEF-SG du 23 octobre 2020 pour la mise en place rapide de la commission d’indemnisation. Il informait aussi qu’en plus du premier ministre, le directeur de la BOA a été saisi par ses soins pour surseoir à toute action judiciaire pouvant conduire à la vente aux enchères de la polyclinique ALLAMA et de la propriété de son défunt frère Feu Mohamed AG HAMAHADY.
- Lors de mon passage à Bamako en Août 2021, en présence de sa chargée de mission madame Zahra en charge de ce dossier, le ministre de la Réconciliation Nationale s’est engagé verbalement auprès de moi en m’assurant que toutes les démarches nécessaires seront faites auprès de la BOA pour surseoir à la vente aux enchères de nos ruines.
Monsieur le Président,
Par injustice, nous ne comprenons pas aujourd’hui, pourquoi certaines victimes de 2012 ont reçu des traitements de faveurs à travers des indemnisations rapides alors que d’autres sont trainées en justice pour payer à la place de l’État qui est censé les protéger ?

Après que l’État ait reconnu notre qualité de victimes de violation grave des droits de l’homme des évènements malheureux de 2012, qu’est-ce qui justifierait aujourd’hui l’acharnement de Bank of Africa, si ce n’est sa qualité de toute puissante institution financière face à une pauvre famille malmenée depuis des années dans son propre pays et face à l’inertie de son État ?
Monsieur le président,
Je me permets de rappeler à l’armée Malienne, plus particulièrement au CTA de Kati, les faveurs et le soutien du Dr. Elmehdi AG HAMAHADY, qui lui accordait des crédits sur bon et très souvent des gratuités en faveur des militaires et leur famille.
Je profite de ce rappel pour vous notifier que l’armée Malienne est débitrice auprès de la pharmacie Officine du camp, une dette que le Dr. Elmehdi n’a pas réclamé.
Aujourd’hui, il se retrouve triplement victime avec sa famille d’une injustice depuis 2012 et qui persiste encore sous votre régime « militaire ».
Monsieur le président,
En tant que fille de la victime (et victime aussi), je suis confuse et me pose des questions sur l’importance qu’accorde mon pays à ma famille, en ma personne en tant que citoyenne Malienne.
Mes frères et moi, nous nous voyons aujourd’hui comme étranger à notre pays et notre état.
Monsieur le Président,
Le nouveau Mali de vos discours est-il celui où il y a des forts d’un côté et des sans défense de l’autre ? Le Mali Kura est-il la continuité des injustices du passé ? Le Mali Kura est-il un slogan de propagande et non une réalité pour tous ?
En attendant que vous me répondiez un jour ou que vous puissiez avoir une réponse à mes multiples questions, sachez qu’une famille qui a été victime en 2012 continue de subir des injustices en décembre 2021 sous votre présidence. Sachez également que Bank of Africa et la Justice s’apprêtent à nous exproprier définitivement des restes de notre propriété, fruit des années de dur labeur, ce 27 décembre 2021 au Tribunal de Kati.
Monsieur le Président, nous demandons votre implication personnelle pour mettre fin, une fois pour toute, à cette injustice de plus et de trop.
Nous ne demandons aucun traitement de faveur, Nous demandons à ce que l’État prenne ses responsabilités conformément à ses engagements pris.
Recevez, mes salutations les plus distinguées !
Mme WALET ELMEHDI Allama
Fille du Dr El Mehdi AG HAMAHADY
Pour le compte de la famille
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