La campagne référendaire de la nouvelle Constitution au Mali a débuté le 2 juin et dure, conformément à la loi, 14 jours. Le référendum sur la nouvelle constitution est une étape clé pour le changement vers une gouvernance démocratique du pays, à travers des réformes politiques et institutionnelles majeures entreprises par les autorités de la transition. Dotés d’une nouvelle constitution, les Maliens éliront au cours de l’année 2024 un nouveau Président de la République, des députés à l’Assemblée nationale et des conseillers municipaux. Ces élections vont couronner la phase transitoire. Initialement prévu pour le 19 mars de cette année, le référendum a été reporté pour une meilleure préparation. Il a été ensuite fixé au 18 juin 2023. Au nombre du dispositif, l’élaboration d’une nouvelle carte administrative du Mali, affichant la nouvelle configuration de l’organisation administrative avec les 19 régions du Mali; la confection des cartes biométriques nationales. Selon les autorités maliennes, 8 millions de cartes ont été produites, mais n’ont pas été toutes distribuées. Raison pour laquelle, le vote sera autorisé avec l’usage de diverses pièces d’identité nationales. Le référendum constitutionnel à venir a amplifié la divergence au sein de certains partis politiques. Cela arrive quand la direction du parti tente d’imposer son choix du NON à l’ensemble des militants qui aspirent majoritairement au OUI ou inversement. Certains partis politiques ont consulté leurs bases pour se plier à la légitimité démocratique, d’autres ont laissé le libre choix à leurs militants, comme c’est le cas au parti Yelema de l’Expert comptable Moussa Mara, où chacun votera selon sa volonté, bien que la base s’est prononcée majoritairement en faveur de la nouvelle constitution. Mais Moussa Mara qui comptabilise les risques a amené la direction du parti à ne pas décider, ou du moins à laisser chaque volonté s’exprimer librement pour préserver l’unité, car Yelema doit continuer après le référendum, a-t-il enseigné.
La nouvelle constitution et le référendum déchirent plusieurs partis et regroupements politiques. Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie est de ceux-ci, après le départ de la CODEM de Housseini Amion Guindo, sympathiquement appelé Poulo. Ce regroupement politiques a progressivement pacifié le front en l’absence de Poulo, et le choix de Amadou Koïta de ranger le PS Yelen Kura aux côtés des autorités pour aider à surmonter les difficultés du moment. Dans la même dynamique, la Convention sociale démocrate (CDS-Mogotiguiya) de Mamadou Bakary SANGARE dit Blaise a écarté toute polémique. Le Mogotigui a déclaré son choix pour le bulletin blanc, le OUI pour l’adoption de la nouvelle constitution de la République du Mali.
Au RPM, c’est la scène de camouflet des cadres et des sections (partisans du OUI) au visage de la direction du parti. Par ailleurs, la situation à l’Adema PASJ, se présente tel une énigme. Le parti de l’abeille appelle les Maliens à un vote massif pour le OUI, pendant que Mme Sy Kadiatou Sow, siège au M5 RFP Mali Kura, partisan du NON. Bien que la première femme gouverneur du Mali, puis plusieurs fois ministre sous Alpha Oumar Konaré soit de l’Alliance ou Adéma association, tout comme le gardien du temple Ali Nouhoum Diallo, la situation ne fait pas cohérence. La ruche l’a-t-elle laissée pour compte, pour surfer sur le OUI. Ainsi Mme Sy Kadiatou Sow et ses camarades du M5 RFP Mali Kura, comme les anciens ministres Cheick Oumar Sissoko, Konimba Sidibé, Mohamed Ali Bathily et l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, se mobilisent pour tenter de faire échec au passage à la quatrième République, en appelant à voter NON le 18 juin. Ils font cause commune avec l’Union pour la Démocratie (UDD) de Tieman Hubert Coulibaly, le Parti pour la Renaissance nationale( PARENA), la Coordination des Mouvements et Associations de Soutien à l’Imam Mahmoud Dicko (CMAS), la Ligue malienne des Imams et Erudits pour la solidarité islamique (Limama). Quand à la CNAS Faso Hèrè de l’ancien Premier ministre Dr Soumana Sako, c’est un appel au boycott.
A l’évidence, le Référendum est une consultation trop importante dans la vie d’une nation, et l’est encore davantage quand il est constitutionnel dans un Mali étouffé par des adversités de toutes sortes, un pays qui cherche à émerger. Fragilisé par des décennies de mal gouvernance, le Mali aspire au respect de sa souveraineté politique et territoriale, de ses choix stratégiques et du choix de ses partenaires, ainsi qu’à la prise en compte des intérêts de son peuple dans les décisions, tel que formulé par le président de la Transition colonel Assimi Goïta. Face à cet enjeu national, qui nécessite un «changement de paradigme», il est clair qu’il n’y aura pas de prime aux ruses politiques. Seul vaudra un engagement patriotique sans malice ni arrière pensée, mettant le pays au dessus de toute autre considération. A suivre
B. Daou
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